LA PEINTURE DE MURIEL MASSIN -
"une création comme une urgence du corps"
Les oeuvres de Muriel Massin, dans un foisonnement de geste et mouvement, de couleur et matière,
semblent raconter inlassablement les petites histoires du monde naissant qui s'engendre lui-même
dans un chaos primordial en un bouillonnement créatif. Elle présente dans ses toiles et ses dessins
des microscomes installés, dans des arrêts sur image, des pauses respiratoires salutaires au milieu du
chaos tempétueux. Figés dans la toile terminée, ils continuent pourtant de pulser et battre en son coeur.
Dans la peinture de Muriel Massin, le geste s'impose d'abord pour un foisonnement. Dans les couleurs,
les lumières et les matières. Sa famille est celle de l'Abtraction gestuelle qu'on dit Lyrique, avec des
accents puissants expressionistes.
Pour elle, le geste est un acte de faire. Il déploie son amplitude dans le mouvement créateur, il impose
sa force dans l'impulsion de l'instant. L'artiste dit que le tableau est "un passage à l'acte". Sa peinture
du geste est une pulsation rapide qui nous traverse et s'agite en dehors d'elle-même et en dedans de nous.
C'est un déploiement tonique de la vie, c'est une célébration du monde.
Le travail de Muriel Massin est tout entier en lumière, geste en couleur, geste en matière. Sa peinture
devient un acte performatif. Elle existe aussi dans tout ce qui la précède et qu'on imagine : en rêvant du
silence de la feuille ou de la toile vierge, on regarde et entend le tumulte intérieur , on veut tout en même temps,
l'avant silencieux et l'après explosif, et les mille voix qui habitent l'oeuvre. On devine le bras qui se lance,
la main qui brosse, le corps qui s'anime. l'artiste définit la peinture en" flux vitaux". On comprend cela comme
une urgence du corps, en souffles et mouvements posés, rythmes et énergies à doser pour un équilibre de la
composition finale. Il faut maitriser sa finesse. L'artiste a ce sens de l'équilibre.
Les oeuvres se révèlent variées, en une large palette de couleurs décomplexées, toujours abstraites,
toujours lyriques. Leurs mondes sont changeants, évolutifs et comme en expansion. On s'attend à les voir
déborder du cadre, couler et éclabousser au delà. Elles bavardent, déroulent leur narration et se développent,
comme des images enfin libérées, longtemps obligées à se taire. Elles veulent une histoire de la totalité, en force
et en densité. Tout est mouvement qui nous interroge : tantôt dans un équilibre posé, momentané avant la reprise
des flux, tantôt au bord du basculement et de l'explosion. Cette peinture est une densité, une force obscure
de la totalité. C'est un résultat physique dans une incarnation qui s'impose.
On se demande qu'elle faut l'intention première de l'artiste placée devant la blancheur immaculée du vide avant
la naissance.
L'envie de peindre était-elle toujours une envie de force?
Quelquefois on est en déséquilibre tant la force du flux nous fait tressaillir dans le questionnement. Si le résultat
succède à l'intention,il la dépasse et la libère aussi en la transfigurant. La complexité ainsi révélée est bien plus forte
que la question de son origine.
Nécessairement on comprend ici l'engagement de l'artiste.
Le résultat procure une belle ivresse, longue en notre regard comme un vin serait long en bouche. Une force
complexe et explosive, faite de nuances multiples.
Non pas une urgence fiévreuse mais une densité sauvage de mille voix habitée.
Il faut à l'artiste une part de folie conquérante, d'un au-delà du geste, d'un au-delà du monde.
Marc Gauthier
Galerie en ligne Bella Z'Art
bellazart.com
LE TRIOMPHE DE L’AME NAVIGANTE
La peinture de Muriel Massin
La peinture de Muriel Massin est riche de nuances chromatiques et de couleurs, qui sont parfois lumineuses et parfois opaques.
Dans le cas de ce genre de peinture, les tons sont le prolongement naturel des couleurs, utilisées par l’artiste pour la réalisation de l’œuvre.
Dans ses tableaux, Muriel Massin adopte un langage expressif (en même temps dynamique et gestuel) qui implique de manière totale et
profonde le spectateur . La nature (essentiellement abstraite et expressive) de sa peinture signe, en fait, le triomphe de l’âme navigante (pour
le dire avec les mots du poète, peintre et philosophe, libanais, Kahlil Gibran) et de l’esprit humain. A la base de la qualité expressive de ses
œuvres , il y a une interprétation du « sens dernier » et ensuite du « sens plus profond » qui appartient aux choses. Son travail artistique
correspond à un genre d’ « exégèse picturale » qui n’est pas seulement de qualité rationnelle mais de type émotif et passionnel. Ce genre de
peinture marque -dans ce cas spécial - le triomphe de l’imagination et de la fantaisie sur la « dimension imitative » de la réalité. Avec ce
genre d’approche très esthétique et combien stylistique , dans sa confrontation à la peinture, Muriel Massin « masquera » (dans une bonne
mesure) - son désir de vouloir s’ abandonner, à travers la pratique picturale, à la nature intime de la lumière et par conséquence de la couleur.
Son « penchant intellectuel » la pousse à chaque touche de pinceau étalé sur la toile, vers une sorte de « perception éthique,
d’ « émancipation esthétique » et de « représentation stylistique » ,qui sont dictées (dans les trois cas) par ce sens du « bon » et du « beau »
que renfermait le terme mystérieux et fascinant de « kalokagathia ». Cela détermine, par conséquence tout ce qui a été indiqué par les
philosophes grecs, que ce qui est beau est nécessairement bon et vice versa. Et c’est justement de ce concept esthétique, tenu, de plus
aujourd'hui , d’une manière injustifiée, dépassé et non partageable, que dérive la fascination et « la puissance sophistique » des peintures
de Muriel Massin : qui attribue à notre avis,- au signe, à la couleur, au geste, au mouvement et à la forme, un pouvoir énergétique tel qu’il
peut faire basculer le beneficiaire de l’œuvre d’art , du niveau du « macroscome physique » à l’étage du « microscome métaphysique
et metempirique ».. Nous pouvons donc affirmer que la peinture de Muriel Massin appartient à un art transcendental, dans lequel l’être
humain passe du monde de la « perception » à celui de « la dimension imaginable» , en traversant (selon l’indication qui vient du soufisme
oriental) les niveaux : du sens vital des choses, du cœur, de la limite de la supra-conscience, de l’esprit tout court et de l’inspiration, jusqu’à
atteindre, en dernière instance, la Beauté et la Vérité, qui correspondent (comme le voulait Gabriele Mandel Khan, Khalife de « l’ordre des
soufis Jerrahi Halvet ») avec le « Centre Divin de L’Etre » avec le « Sceau Eternel de la Vie » et avec la « Réalité Transcendante et
Immanente » qui est présente dans chaque être humain.
Rino Cardone - Critique d'Art, chef de service TGR RAI Radiotélévision Italienne -